Suis-je la brume
Qui flotte sur ta joue
Ou le courant
Qui te porte quelque part
Suis-je en dormition
Quelquefois je m'éveille au jour brûlant
Ma peau est de gazelle
Drus sont mes poils
Mon mufle frais
Mon souffle mélodieux
Suis-je celle dont tu rêves
Femme Soleil quand tu le veux
Toute autre forme que seuls
Tes yeux savent reconnaître ?
Reine d'Emain Ablach
Mon nom est force de la mer
Si tu étais falaise
Je me briserais sur toi
Pour un instant
Mais tu es vague parmi les vagues
Poisson dans mon ventre
Rocher rond dans les flots furieux
Brân
En haut des eaux blanchies
Au sommet de la plate mer
Je vois passer ta barque
Douce et silencieuse
L'eau te berce
Parce qu'elle est mère
Et que tu dors
La vague caresse d'une main
Puis de l'autre
Ton visage tendu vers l'infini
Un instant infime nous sépare
La brume caresse encore ta cuisse
Je tends mes bras
Pour t'en faire une échelle
Mon coeur est la marche
Sur laquelle tu reposes
Tu vas voir des plaines en mouvement
Des forêts aux pousses vertes
Qui s'éveillent au premier pas
Les cordes de nos harpes
Y vibrent déjà pour toi
Homme du large
Tu vas goûter
Au repas d'immortels
T'abreuver sans fin
Aux seins de mes pareilles
Les femmes que tu rencontreras
Seront amies fidèles
Elles te donneront mille caresses
Le temps est venu pour toi Brân
De quitter ta barque
Tes cheveux flottent dans un souffle
Ta main est dans la main du vent
Tes cils, collier de perles
Où s'alignent les gouttes de mer
Ondulent à tes battements de paupières
Et dans ton doux regard de baleine
A l'âme vibrante, je sais la soeur
Qui dessine et ouvre son coeur
Au partage et la féminité
De ton cri solitaire
Je connais la profondeur
Et tes seins lourds de lait
Pour nos enfants, je les connais aussi.
Ces hommes qui naviguent sur tes eaux
Te perdent un peu plus chaque jour
Et nos antennes oublient la direction
Qui nous échoue à bout de souffle
Aux confins de la vie
Rien n'emplira plus le vide
Laissé derrière leurs traces
Et la raison d'être s'en va
Comme une vague sans lendemain
Baleine ma soeur
J'ai mis en nage
La marche de mon sang
Sans plus attendre
De force et d'attachement
Je te donne.
Tu ne réponds, et le sens
Des mots m'évanouissent
Et j'en perds
Le rêve et finisse la nuit.
Jamais tu ne voudras le fil
Lien de soie qui te rejoint
Si brillant de clair et d'amour ?
Jamais n'est plus un mot
Mais une douleur
Et je maintiens la lueur à mon tour.
Et j'agonise du rien
Qui se veut tout.
Tu me poursuis d'oeil d'huître
Et sa couleur détient
Tu ne sais pas encore
Un trésor de promesse.
C'est moi qui la tiendrai
Et pour cela, je laisse
Faire le temps
Jusqu'à demain...